Le 04 août 2008, 14h00

Arrivée à La Ciotat.

Je trouve le bateau dans la contre allée d'un mas provençal. J'enjambe le portail, inspecte le bazar, monte à bord.

Pas très joli. Le bateau est sous les pins depuis plusieurs mois. Il manque un hublot, il y a de l'eau stagnante dans tous les coffres et les fonds de cale.

La quille a beaucoup souffert.

Le pont a de nombreux éclats sur le gelcoat. La coque est craquelée.

Pas très encourageant tout ça.

Le plus compliquĂ© pour l'instant va ĂŞtre le dĂ©placement du bateau vers son lieu d'hivernage. Le port de plaisance me propose une place Ă  200 euros par mois : trop cher. Je me rabats sur le champ d'un retraitĂ©. Mais dĂ©cide d'aller voir l'emplacement avant toute chose. A moins de 2 km de l'emplacement actuel, un vaste terrain vague, plusieurs bateaux Ă  poste. Je me gare. Et lĂ  un bonhomme descend de sa coque en deux deux.

- Salut, moi c'est Gérard, tu veux une clope? _ Non merci, ça fait longtemps que t'es là? - M'en parle pas, la galère, deux ans que je retape le bateau, une galère j'te dis. J'étais au mouillage forain, une tempête, un bateau rompt son amarre et viens aborder le mien. Bilan, l'étrave défoncée et la descente arrière. Il a du heurter le bateau a plusieurs reprises. Une chance que je n'ai pas coulé! - Et bien mon vieux... T'as bien du courage. - La galère, si c'était à refaire c'est même pas la peine, niet! Et puis avec ma copine on va aller à Mada. La galère... - Et ça fait longtemps que tu navigues? - Naviguer? Mais j'ai jamais naviguer! La galère j'te dis pas.

C'est décidé, je prends le bateau. C'est des rencontres comme celle de Gérard qui vous passionnent, vous guident.

17h00

Le retraité vient voir le bateau pour envisager le remorquage jusqu'à son terrain. Manifestement il reconnait le bateau.

- Alors c'est toi qui récupère cette merde!

C'est lui qui l'avait déplacé il y a un ans. Il me demande pour combien de temps j'en ai. Je lui dis que rien que pour la coque, il me faut au moins six mois de boulot. Il me répond avec son franc parlé auquel je commence à m'habituer "la coque t'y touches pas, elle est nickel!

C'est tout ce que je voulais savoir. Pas d'osmose, un carénage classique, ponçage, enduit, antifouling et c'est bon. Rendez-vous est pris pour le surlendemain à 7h30.

22h00

J'attends le coup de fil du propriétaire du bateau. C'est pas maintenant qu'il va me lâcher...

24h00

Pas d'appel, je tombe sur sa messagerie. Je prends le camion direction Nice. A Toulon, je suis crevé, je dors sur une aire d'autoroute. A cinq heures, je constate que j'ai un message. Rdv au bateau à 11h00 pour les papiers. Cool! Demi tour.

Le 05 août

Le gars à l'air okay. On va chez lui, et on signe l'acte de cession à titre gratuit. C'a y est j'ai un bateau. Je lui achète le ber 150 euros. Un dédommagement vu qu'il me donne la coque, c'est réglo.

Le 06 août

Remorquage sur une départementale puis un chemin non carrossable avec un vieux 4X4, une aventure digne du salaire de la peur. Je ferme la marche avec mon camion

08h30

Le bateau est placé à son emplacement initial deux ans plus tôt. Il ne bougera plus pendant six mois.